Il n’y avait pas que le soufflet à main
Des soufflets à main, il y en avait chez les romains. Homère en parle. Vous savez, le soufflet qui sert souvent de décoration et parfois d’outil pour allumer les feux de foyer, de camping. Il a quelque chose de l’accordéon. On en a presque tous un, ceux qui jouent avec le feu … Voici le mien.
Avec ce genre de soufflet, ce sont vos bras qui soufflent. Il y avait un autre genre où ce sont vos poumons qui soufflaient.
Il y avait aussi le soufflet-canon
Voici la définition du soufflet canon de Genêt et ses comparses dans « Les objets familiers de nos ancêtres » :
Tige tubulaire faite souvent d’un vieux canon de fusil auquel on a soudé deux crocs à une extrémité. On appuie ces crocs sur les braises pendant qu’on souffle à l’autre extrémité du soufflet pour attiser les flammes. Ce type est assez rare et il est de facture plus rudimentaire.
Raymond Lecoq ajoute des détails de construction :
Le soufflet à bouche se compose d’un tube, dont une extrémité évasée et hémisphérique forme embouchure;
à l’autre extrémité, un orifice rétrécit canalise l’air projeté, le concentre et lui donne plus de force. Cette extrémité est refendue et forgée en deux fourchons ;
celle-ci éloigne l’arrivée d’air de son lieu de destination, lui conservant ainsi toute sa puissance. Cette fourche peut également servir de pique-feu. … Aux 17e et 18e siècles, les soufflets à bouche furent le plus souvent exécutés avec les canons des fusils à pierre.
— Raymond Lecoq, Les Objets de la vie domestique, page 86.
Et « … Dans certains modèles du 18e siècle la fourche est remplacée par deux languettes brasées sur le tube. » comme on le voit dans la photo plus bas, tirée de son livre.
Le soufflet de la Collection Hotermans nº 71-1-239-9 du musée Stewart a été fabriqué dans le canon d’un vieux fusil.
Dans la photo qui suit, on peut voir deux traits parallèles. On les imagine facilement décorer un canon de fusil. Il se peut que ce soient des marques produites par l’attache à une crosse de fusil. Ce ne sont surement pas des décorations du soufflet lui-même qui en est par ailleurs dépourvu si on excepte une certaine recherche dans le forgeage du crochet à l’embouchure. Et si nous nous fions à Genêt & al, il n’y en aurait pas du tout parce qu’ils étaient de fabrication « plus rudimentaire ».
Il y a d’autres soufflets de ce type illustrés dans Lecoq et qui appartiennent d’ailleurs eux aussi à la collection Hotermans et il n’y a aucune décoration qui soit visible.
Le soufflet-canon Hotermans nº 71-1-239-9
J’ai choisi le nº 71-1-239-9 parce que ce fut le premier qui me fit écarquiller les yeux , parce qu’il est le plus simple et qu’il constituait un ajout pour moi et pour vous puisqu’il n’apparait pas dans la photo de Lecoq.
Dimensions
Toutes les dimensions sont en millimètres.
Dimensions hors-tout
Pour comparaison, les soufflets canons qui se trouvent dans la photo de Lecoq mesurent de 480 mm à 830 mm.
L’embouchure
La fourche
Notes pour la reproduction de cet instrument
Le crochet (poignée) de l’embouchure ne semble pas avoir été soudé en place. Plutôt, il aurait été installé chaud et rapidement refroidi pour enserrer le canon .
Il faut noter que la partie du crochet qui enserre l’embouchure est plus large en sa partie qui se trouve au bout de la tige qu’en sa partie qui se trouve du côté du canon. Il est fuselé.
Si vous voulez une reproduction d’un des soufflets de la photo du livre de Lecoq (ci-haut), la partie qui repose sur l’âtre est composée d’ailettes soudées au tube, brasées comme il le dit. Ce serait sans doute joli cette brasure qui laisserait voir le métal qui unit les pièces ensemble. Pour le reste, les photos sont explicites.